Thomas Ménard

Portrait de Londonien

Quel est mon parcours ?
Je suis Français. J’ai vécu à Londres de 2014 à 2018, puis à nouveau depuis fin mai 2020. Né en Bourgogne, j’ai étudié l’histoire à l’université de Dijon. J’ai ensuite travaillé pendant dix ans dans pour des associations culturelles et des sociétés savantes, notamment la prestigieuse Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, fondée en 1725. Pendant mes quatre années londoniennes, j’ai eu le privilège de travailler à l’abbaye de Westminster, où je suis devenu en 2017 le premier marshal français de cette institution millénaire. Dans ce cadre, j’ai été lé témoin des fastes de la monarchie britannique, en participant à de nombreuses cérémonies protocolaires (service du Commonwealth, chapitre de l’Ordre du Bain, enterrement des cendres de Sir Stephen Hawking), ce qui m’a donné l’occasion de rencontrer des personnalités aussi diverses que le roi et la reine d’Espagne, Jennifer Lawrence et Stephen Fry, Teresa May et le duc de Buccleuch and Queensberry, et bien sûr la plupart des membres de la famille royale. Je suis ensuite parti en Alsace où j’ai travaillé en tant que chargé de fonds dans une médiathèque. J’y ai développé un nouveau système de classification, pour remplacer la fameuse Dewey, un système datant de la fin du XIXe siècle et plus vraiment adapté en ce début de XXIe siècle, même si la plupart des bibliothèques françaises continuent de l’utiliser. J’étais malheureux loin des rives de la Tamise et j’ai décidé de revenir à Londres, à temps pour pouvoir profiter du presettled status.

Pourquoi et comment suis-je arrivé à Londres ?
Mon meilleur ami bourguignon habitait ici depuis plus de dix ans et, depuis plus de dix ans, il me disait de venir le rejoindre, mais j’avais tant de choses qui me retenaient à Dijon. Je suis venu le voir plusieurs fois pour des vacances. Un jour, il m’a emmené à Canary Wharf et je suis immédiatement tombé amoureux de cet endroit. Etonnant pour un historien amoureux des vieilles pierres et des beaux édifices du XVIIIe siècle. J’ai été subjugué par ce quartier ultramoderne et je lui ai dit : « un jour, j’habiterai ici ». Un an plus tard, je me suis décidé et, après m’être donné une autre année pour bien organiser mon départ, je suis venu m’installer à Londres. Cinq mois après mon installation, j’habitais sur l’Isle of Dogs, au bord de la Tamise et à quelques minutes de marche de Canary Wharf.

Pourquoi est-ce que j’aime cette ville ?
Parce qu’elle partage les valeurs qui sont les miennes : la liberté, l’égalité, la tolérance, le respect, l’inclusion, le travail. Ici, on ne philosophe par sur les problèmes pendant des années, on essaie d’y trouver des solutions rapides (sauf peut-être sur le Brexit, mais pour certains, le Brexit était justement une solution aux problèmes). Si ça marche, tant mieux ; si ça ne marche pas, on essaie autre chose. La vie est dure et stressante ici, comme dans beaucoup de grandes villes, mais elle reste plaisante et enrichissante. Ici, j’arrive à m’émerveiller chaque jour, pour une jolie rue, un bâtiment étonnant, un écureuil, une belle rencontre. Un soir, après une grosse journée de travail, où tout s’était mal passé, je me suis retrouvé sous la pluie au bout de London Bridge. Il n’y avait plus de place sous l’abris-bus, alors je suis resté sous le déluge, sans parapluie. Je me demandais ce que je faisais là. Et puis, j’ai levé la tête, j’ai vu le Shard illuminé dans la nuit, et j’ai commencé à sourire bêtement. J’ai compris que j’étais tout simplement heureux ici, que j’avais trouvé « mon chez moi ».

Portrait de Londres

Mon quartier préféré
Je suis un inconditionnel de la Cité de Londres, là où tout a commencé il y a 2000 ans. Je peux passer des heures à arpenter les rues de la City, le nez en l’air, pour découvrir les ornements des bâtiments, les plaques rappelant le souvenir d’illustres Londoniens ou de jolies perspectives sur les gratte-ciels modernes.

Mon parc préféré
Quand j’habitais à Blackheath et que je travaillais à l’abbaye de Westminster, j’arrivais à la gare de Charing Cross. Comme j’étais souvent très en avance, j’en profitais pour me promener dans Green Park quand il faisait beau. Le matin, le parc est très calme, surtout le dimanche. J’y ai croisé Mister Bean en plein tournage, assis sur un fauteuil installé sur le toit de sa fameuse voiture jaune, mais aussi les gardes de la reine qui faisaient leur footing dans le parc. Je vous conseille de passer par le pont qui enjambe le lac, au milieu du parc. D’un côté vous avez une vue magnifique sur le palais de Buckingham et, de l’autre, un superbe panorama sur les toits de Horse Guards Building, du Old War office et du bâtiment de style « chateauesque » sur Whitehall Court, avec le London Eye à l’arrière-plan.

Mon restaurant préféré
J’avoue en connaître assez peu, et rester fidèle à ceux que je connais. J’apprécie particulièrement le Hare and Billet, un gastropub situé au bord de la lande, à Blackheath.

Mon musée préféré
En tant qu’historien, je dirai la National Portrait Gallery. Quelle meilleure façon de découvrir l’histoire d’un pays que de se retrouver face à ceux qui l’ont fait, souverains et politiciens, artistes et scientifiques, soldats et diplomates ?

Mon magasin préféré
On m’a posé la question quand j’ai eu mon entretien pour travailler à la boutique de l’abbaye de Westminster. Sans hésiter, j’ai répondu Hatchard’s, la merveilleuse librairie, sur Piccadilly, juste à côté de Fortnum & Mason.

Ma rue/place préférée
Je trouve que Waterloo Place est l’une des plus belles de Londres. Comme elle devait servir d’écrin à Carlton House, la résidence du Prince Régent, elle a été aménagée d’une très belle manière et est aujourd’hui entourée d’édifices magnifiques et d’institutions so british, qu’il s’agisse de l’Athenaeum Club, d’hôtels et restaurants de luxe ou de magasins très chics.

Mon église préférée
Comment citer une autre église que l’abbaye de Westminster, puisque j’y ai travaillé pendant quatre ans. J’ai pu y découvrir des endroits fermés au public et y vivre des moments fabuleux. En tant que marshal, je devais assister à l’office, pour accueillir les fidèles et intervenir en cas de problème. La plupart du temps, j’étais en faction à la grille bleue qui sépare la nef et le bas-côté Nord, les pieds sur la tombe de Darwin et à quelques mètres de celles de Newton, de Purcell et, depuis peu, de Stephen Hawking. Parfois, au début de l’office, le chœur s’arrêtait devant moi pour chanter l’Introit, avant d’aller s’asseoir dans les stalles. Des moments magiques !

Mon souvenir préféré
Un 1er janvier, je m’étais levé assez tôt et j’étais allé me promener sur la lande, à Blackheath, puis dans Greenwich Park. Le parc s’éveillait et les animaux aussi. Je suis tombé sur une harde de cerfs. Les grands étaient déjà réveillés, les petits dormaient encore. Il y avait encore un peu de brume. Quelle belle manière de débuter l’année !

Mon Anglais préféré
C’est une Anglaise ! Je vous un véritable culte à Sa Très Gracieuse Majesté. Quand je dis ça, mes amis se moquent de moi, mais, en tant qu’historien, je la considère réellement comme un des personnages les plus importants de cent dernière années. Elle a rencontré la plupart des personnes dont on a parlé, vécu, de près ou de loin, la plupart des événements qui ont marqué ce siècle. De par sa longévité, c’est sans doute la personne la mieux informée du monde, puisqu’elle l’est, tous les jours, par ces fameuses Red Boxes, sur tous les sujets importants. God save The Queen !

Mon monument préféré
Pour beaucoup, Horse Guards Building n’est que l’endroit où l’on peut photographier les cavaliers de la Garde royale. Mais c’est bien plus que ça. De l’autre côté de la rue, devant Banqueting House, on a exécuté un roi, Charles Ier, et son souvenir est marqué sur les horloges de Horse Guards. Si vous levez les yeux, vous verrez que l’heure de son exécution est masquée de noire. Et puis c’est l’entrée officielle des palais royaux : quand la reine se rend au Parlement ou à l’abbaye, son cortège ne passe pas sous Admiralty Arch mais sous Horse Guards. D’ailleurs, il n’y a qu’elle et ses invités dont les voitures peuvent utiliser l’arche centrale. Du coup, symboliquement, j’utilise toujours une des arches latérales, même si, à pied, je pourrais passer au milieu. Au-dessus, il y a le bureau du commandant de la garde, qui dirige aussi l’armée dans le Grand Londres. C’était le bureau de Wellington et sa table de travail est toujours en place. C’est aussi le lieu de la Parade de l’anniversaire de la reine, le fameux Trooping the Colour. J’ai eu le privilège d’assister à une des répétitions et c’était vraiment impressionnant. Il y a tant d’histoires autour de cet édifice et de ceux qui entourent Whitehall et Horse Guard Parade !

Mon plat anglais préféré
Le full english breakfast ! A ce propos, c’est au Darwin, la brasserie du Sky Garden (20 Fenchurch Street), que j’ai mangé les meilleurs œufs brouillés de ma vie. J’évite de la dire quand je rentre en Bourgogne, mais j’apprécie vraiment la cuisine britannique.

Mon concert préféré
Voir Gergev diriger le LSO sur Trafalgar Square, c’était génial. Mais mon meilleur souvenir musical était au Royal Festival Hall, pour un « concert James Bond » du LPO. A un moment, le chef a invité un vieux monsieur à monter sur scène. Il s’appelait Monty Norman et il avait presque 90 ans. Avec beaucoup d’humour et de gentillesse, il nous a expliqué comment il avait créé le thème de James Bond, sans doute une des musiques les plus connues du monde. Prochains objectifs : un concert au Royal Albert Hall et un opéra à Covent Garden !

Mon exposition préférée
J’aurais du mal à choisir entre William Kent au V&A, les Romanov à la Queen’s Gallery, Lady Hamilton au National Maritime Museum. Alors, parce que nous sommes tous des grands enfants, je dirais Star Wars à la O2 Arena.

Mon mot anglais préféré
En fait, c’est actually !

Mon endroit préféré
Pendant longtemps, ça a été la petite place, près de la fontaine, devant Middle Temple Hall. Un des lieux les plus calmes de Londres, à deux pas de Fleet Street et du Strand. Maintenant, pour des raisons très personnelles, c’est la petite promenade, au pied du Millenium Bridge, du côté de Saint-Paul, juste en face de la Tate Modern. je vais militer pour que le fauteuil en bois, sous l’arbre, me soit réservé !

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