Napoléon Bonaparte est omniprésent dans les collections de la plupart des grandes institutions culturelles britanniques. Dans la section Napoléon de ce site, nous vous avons présenté quelques Parcours Napoléon dans certaines de ces institutions : Collections royales, Wallace Collection, abbaye de Westminster, etc. Ces Parcours regroupent plusieurs dizaines d’œuvres, de documents et d’objets témoignant de l’impact de l’Empereur dans la mémoire collective britannique.
D’autres institutions tout aussi prestigieuses ont accepté de s’associer à notre contenu Napoléon, en proposant des « Choix des conservateurs », se limitant quant à eux à trois œuvres emblématiques. Vous découvrirez ci-dessous la sélection de Penny MacMahon et Miriam Gibson, du UK Parliamentary Archives.
Les textes originaux, en langue anglaise, sont disponibles ici.

Les Archives parlementaires collectent, préservent et rendent accessibles les documents du Parlement britannique. Nous assurons la gestion des archives de la chambre des Lords et de la chambre des Communes, ainsi qu’un service d’accès gratuit à ces documents. Nous conservons plus de cinq siècles d’histoire de la démocratie au sein d’un gratte-ciel victorien : la tour Victoria du palais de Westminster.
Le couronnement de Napoléon Ier

The Grand Coronation of Napoleon 1st, Emperor of France, from the Church of Notre-Dame, Dec 2nd 1804, by James Gillray, House of Lords Library Gillray collection, Volume X, 23.
Après la Révolution française et l’arrivée au pouvoir de Napoléon, la monarchie et le Parlement britanniques étaient très inquiets à l’idée qu’une telle chose puisse arriver en Grande-Bretagne. C’est cette inquiétude que dépeint le dessin de James Gillray, un artiste britannique célèbre pour ses satires. Il tourne également en dérision les idéaux post-révolutionnaires de Napoléon, en représentant l’extravagance de son couronnement et la brutalité de son règne.
Gillray fait aussi allusion à la soumission de plusieurs puissances européennes, comme la Hollande, la Prusse et l’Espagne, ici représentées en train de porter sa traîne. Un pape discret et méfiant apparait également. Cela renforce l’anxiété de la Grande-Bretagne face à la rapide accession au pouvoir de Napoléon et à sa domination sur l’Europe. Ajoutons que, à cette époque, Georges III souffrait d’une maladie mentale, ce qui soulevait des questions quant à sa capacité à gouverner et mettait les royalistes britanniques dans une position d’autant plus vulnérable.
Une lettre de Stewart à Bathurst
Stewart to Bathurst, 7th April 1814, Parliament Archive, LG/F/4/7/15.
Cette lettre, retranscrite par lord Birkenhead pour être transmise à Lloyd George en 1920, fut envoyée [par Stewart, alors ambassadeur au Portugal, à lord Bathurst, secrétaire d’état à la Guerre et aux Colonies], au lendemain de l’abdication sans condition de Napoléon comme Empereur des Français. Stewart avance que l’île d’Elbe est un choix risqué comme lieu d’exil pour Napoléon, à cause de sa proximité avec la France et l’Italie, du soutien qu’il continue de recevoir de la part des forces armées françaises et de la popularité de Beauharnais, son gendre, et de Murat, son beau-frère. Le fait que les inquiétudes de Stewart s’avérèrent justifiées et que les événements qu’ils redoutaient se sont bel et bien déroulés laisse à penser que les Cent-Jours et la bataille de Waterloo auraient pu être évités si le premier exil de Napoléon avait été mieux organisé.
The Public General Act, 1856
Public General Act, 56 George III, c. 23, 1816, Parliament Archive, HL/PO/PU/4/33.
À la différence de son premier exil, le bannissement de Napoléon à Sainte-Hélène a fait l’objet d’une décision du Parlement. Après la fuite de l’île d’Elbe et la seconde défaite de l’Empereur, la Grande-Bretagne, estimant qu’il ne doit jamais revenir en Europe et retrouver un pouvoir, formalise l’exil par une loi. Le texte est strict et détaillé. Il inclut notamment l’interdiction faite à tout navire britannique d’accoster à Sainte-Hélène sans ordre formel du Gouverneur. Il verrouille toutes les possibilités en légiférant même sur les éventuels naufrages survenus à Sainte-Hélène. La loi révèle l’équilibre souhaité par la Grande-Bretagne entre, d’une part, le maintien de ses routes commerciales et la protection des navires naufragés et, d’autre part, la nécessité de limiter au maximum les opportunités laissées à Napoléon de s’évader ou de communiquer avec l’extérieur.