
Présentation de l’exposition
Extrait du dossier de presse
L’année 2021 sera pour le musée de l’Armée le point d’orgue et la conclusion d’une série d’événements ouverts il y a une vingtaine d’années, dédiés à l’histoire et à la personnalité de Napoléon, à ses réalisations civiles ou aux campagnes de la Révolution et de l’Empire. Le Musée proposera une offre culturelle riche et variée qui évoquera la fin de l’aventure personnelle de Napoléon, tout en s’ouvrant à l’actualité et à la réalité présente de son legs pour le monde. Le cœur de ce cycle événementiel organisé en coproduction avec la Fondation Napoléon, est constitué d’une grande exposition patrimoniale consacrée à la mort de Napoléon.
Sa mort, le 5 mai 1821, si elle passe relativement inaperçue aux yeux du monde, est extrêmement bien documentée par ses compagnons d’exil. Mais, malgré le foisonnement des mémoires, des lettres, des croquis, des reliques et des récits, cette histoire présente des zones mal éclairées, des incertitudes, des contradictions… Autant de faits que la raison a tenté de disséquer, et de failles que l’imagination s’est hâtée de combler.
L’exposition se propose de revenir sur les grands sujets qui entourent la mort de Napoléon en renouvelant les perspectives. Convoquant de nouvelles disciplines scientifiques (archéologie, médecine, chimie) afin de compléter les sources historiques déjà connues et les témoins matériels de cet événement, le musée de l’Armée offre aux visiteurs tous les éléments nécessaires afin qu’il puisse mener lui-même l’enquête.
Informations pratiques
L’exposition, initialement prévue du 31 mars au 19 septembre 2021, est en attente de la réouverture des musées en France.
Le musée de l’Armée est d’ordinaire ouvert tous les jours, de 10 h à 18 h.
La bande annonce de l’exposition est visible sur la chaine Youtube du musée de l’Armée.
La vidéo de l’inauguration virtuelle de l’exposition, réalisée par scribeaccroupi.fr, est également disponible.
Le choix des commissaires
Ce choix est tiré de L’Echo du Dôme, le magazine du musée de l’Armée. Nous remercions l’équipe du musée, notamment son service communication, qui nous a autorisé à reproduire ce contenu et à utiliser les visuels.
Le choix de Pierre Branda
Historien, chef du service Patrimoine de la Fondation Napoléon

Henri Gatien Bertrand, Lettre du général Bertrand à son frère Louis, Longwood, 6 mai 1821, annonçant la mort de Napoléon © Médiathèque Équinoxe – Ville de Châteauroux.
La mort de Napoléon fut une mort entourée. Parmi les derniers compagnons du captif, le grand maréchal Bertrand. Jusqu’à la fin, il fut fidèle à son maître mais lui aussi était parvenu au bout de la souffrance. Dans cette émouvante lettre à son frère, il annonce la mort de son maître mais d’une plume lasse, cet homme réservé et taciturne laisse poindre un certain soulagement. Ce document exceptionnel illustre bien les sentiments mêlés et divers de ces hommes qui vécurent tout le drame de l’exil, ses courtes espérances comme ses malheurs. Ce crépuscule annonçait en effet une nouvelle ère. Bertrand comme d’autres allaient en quelque sorte revenir à la vie pour honorer et défendre la mémoire du vainqueur d’Austerlitz. Ce 6 mai fut un jour particulier, à la croisée des chemins.
Le choix de Léa Charliquart
Cheffe de la Mission du projet d’extension du musée de l’Armée

Jean Cruveilhier, planche extraite de l’ouvrage Anatomie pathologique, tome 1 © BIU Santé, Paris.
Le travail de Jean Cruveilhier, premier titulaire de la chaire d’anatomo-pathologie de la faculté de médecine de Paris, est représentatif du développement de la recherche et de la pratique médicales au XIXe siècle. Cette planche, extraite de son Traité d’anatomie pathologique, présente différentes affections provoquées par un ulcère à l’estomac, cause de la mort de Napoléon selon le rapport d’autopsie du Dr Antommarchi. Le recours aux travaux des sciences naturelles au sein de l’exposition permet de renouveler l’approche du sujet et de tisser de nouveaux liens avec d’autres institutions, comme ici avec la bibliothèque de la faculté de médecine. Le dernier soupir de Napoléon, « le plus puissant souffle de vie qui jamais anima l’argile humaine » comme l’a écrit Chateaubriand, est aussi la clôture d’un dossier médical que l’exposition entend présenter aux visiteurs.
Le choix de Chantal Prévot
Historienne, responsable des bibliothèques de la Fondation Napoléon

Adrien-Maximilien Vachette, Boîte à priser léguée à Lady Holland © The British Museum, Londres, Dist. RMN-Grand Palais / The Trustees of the British Museum.
Chef-d’œuvre de l’orfèvrerie parisienne du début du XIXe siècle, cette boîte de présent finement ciselée d’or et ornée d’un médaillon antique connut une destinée exceptionnelle. Le camée fut offert par le pape Pie VI au général Bonaparte en 1797, la bonbonnière fut créée par les maître orfèvres Nitot et Vachette peu après 1800. Napoléon choisit de la léguer à la seule femme figurant sur son testament – hormis les membres féminins de sa famille : Lady Holland, figure de proue du parti libéral britannique qui avait apporté son soutien et son aide aux Français exilés à Sainte-Hélène à de multiples reprises. Glissée à l’intérieur, une mention manuscrite impériale lui témoignait sa « satisfaction et son estime ». Donné au British Museum à la mort de Lady Holland, cet objet symbolique est montré pour la première fois en France.
Le choix d’Emilie Robbe
Conservatrice en chef du patrimoine,
cheffe du département du XIXe siècle et de la Symbolique au musée de l’Armée.

Eugène Isabey, détail de Embarquement du cercueil de Napoléon à bord de la Belle Poule, huile sur toile, 1842, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot.
Le 15 octobre 1840, sous les yeux des marins français et des habitants de l’île de Sainte-Hélène, le cercueil de Napoléon s’élève pour se poser sur le pont de la frégate La Belle Poule. Le bruit et la fumée des salves d’artillerie, le soleil qui se couche derrière les rochers noirs de l’île parent la scène de couleurs d’incendie, comme un retour des enfers. Après vingt-cinq ans d’exil, le corps de Napoléon part retrouver la terre de France. Le peintre Eugène Isabey n’a pas assisté à la scène, qui s’est jouée dans l’Atlantique sud à 7 000 kilomètres des côtes européennes, mais il s’est documenté avec soin. La précision de la représentation, ici, paraît transcendée par la solennité de l’instant. Le temps, comme suspendu avec le cercueil au-dessus du pont, entre deux mondes, donne à ce moment fugace des airs d’apothéose.