Napoléon Bonaparte est omniprésent dans les collections de la plupart des grandes institutions culturelles britanniques. Dans la section Napoléon de ce site, nous vous avons présenté quelques Parcours Napoléon dans certaines de ces institutions : Collections royales, Wallace Collection, abbaye de Westminster, etc. Ces Parcours regroupent plusieurs dizaines d’œuvres, de documents et d’objets témoignant de l’impact de l’Empereur dans la mémoire collective britannique.
D’autres institutions tout aussi prestigieuses ont accepté de s’associer à notre contenu Napoléon, en proposant des « Choix des conservateurs », se limitant quant à eux à trois œuvres emblématiques. Vous découvrirez ci-dessous la sélection de Sophie Defrance, Conservatrice des Collections en langues romanes, et Anthony Chapman-Joy, « Collaborative Doctoral Partnership Student », à la British Library.
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Images © The British Library 2021.

La British Library est la bibliothèque nationale du Royaume-Uni. Elle conserve plus de 170 millions de documents provenant du monde entier et attire 1,6 millions de visiteurs chaque année sur ses deux sites : l’implantation historique près de la gare de King’s Cross [à Londres] et l’annexe de Boston Spa, dans le Yorkshire, où la plus grande partie des documents sont stockés. En dehors de la période napoléonienne, les collections françaises regroupent notamment deux séries complètes de l’Encyclopédie de Diderot, 50 000 libelles révolutionnaires publiés entre 1780 et 1820 et un ensemble d’environ 5 000 pamphlets datant de la Fronde (1648-1653).
Description de l’Égypte

La British Library possède une série de publications réunies à la suite de l’expédition de Bonaparte en Égypte, entre 1798 et 1801. Les 20 volumes regroupent des illustrations et des textes, combinés pour mettre en lumière de manière vivante ce que les savants de l’expédition française ont découvert, pendant que les forces militaires de Napoléon menaient leurs campagnes. Ce travail est un véritable catalogue du paysage de l’Égypte, notamment les couleurs des ruines antiques alors encore préservées, et reflète l’état du pays à cette époque. L’ensemble est éclairé par la richesse des détails et la méticulosité de leur rendu, détaillant aussi bien les statues à l’extérieur des temples que le nombre d’arbres de tel ou tel endroit. Les textes restent malgré tout étonnamment faciles à lire et sont essentiels pour qui veut comprendre le substrat culturel du colonialisme européen, dans ce moment crucial de la légende napoléonienne.
Livre annoté par Napoléon à Sainte-Hélène

Après Waterloo, le second et dernier exil de Napoléon le conduisit sur l’île de Sainte-Hélène, un endroit si reculé que le premier aéroport n’a été ouvert qu’en 2016. Là, Napoléon se mit à l’apprentissage de la langue anglaise et commença à travailler sur ses Mémoires. La British Library possède un document inestimable : une version annotée par l’Empereur de sa Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon Buonaparte avec les cours étrangères, en Italie, en Allemagne et en Égypte. Le deuxième volume est particulièrement intéressant, puisque presque toutes les lettres portent une note renvoyant au sujet concerné dans les Mémoires. Alors que les notes à la plume sont du comte de Montholon, le compagnon d’exil de Napoléon, celles au crayon sont de la main de l’Empereur lui-même et datent probablement de l’année qui précéda sa maladie et sa mort.
Caricatures de 1870-1871

L’héritage de Napoléon a dominé la culture politique française bien après sa mort. En décembre 1851, son neveu Louis-Napoléon mena un coup d’état et, se proclamant Napoléon III, institua le Second Empire, qui devait durer près de deux décennies. Le neveu s’appuya énormément sur le mythe de son oncle pour renforcer sa légitimité et celle de son régime. Le grand public n’allait pas l’oublier. Après la bataille de Sedan de septembre 1871, pendant la guerre franco-prussienne, le Second Empire s’effondra et un déluge de caricatures politiques très hostiles s’abattit sur le gouvernement déchu et sur celui qui le portait. Avec une cruelle ironie, elles moquèrent l’habitude prise par Louis-Napoléon d’invoquer son oncle. Les recueils de caricatures, collectées par un libraire allemand installé à Londres, couvrent l’ensemble de la guerre franco-prussienne et de la Commune, période pendant laquelle le fantôme de Napoléon allait hanter le second empereur, parfois de manière littérale, comme le montre cet exemple, tiré du premier volume.