ODM # 7

After the Bath – Woman Drying Herself , par Edgar Degas
The Courtauld Gallery
par Rachel Sloan
Conservatrice adjointe des œuvres sur papier

Edgar Degas (1834-1917) , After the Bath – Woman Drying Herself , c. 1895,  
Charcoal and pastel on tracing paper laid down on cardboard, 67.7 x 57.8 cm, Samuel Courtauld gift, 1932  
The Courtauld, London (Samuel Courtauld Trust) © The Courtauld 

The English version is available here.

Ce somptueux pastel, de grande taille, représente une femme nue, soulevant le bras pour s’essuyer. C’est une symphonie de couleurs riches et chaudes, autant qu’une représentation déconcertante et profondément moderne d’une femme nue, capturée dans une pose étrange et observée dans un moment intime, dans un intérieur contemporain indéfini. Ce genre de scènes intimes a de plus en plus occupé Degas dans les dernières décennies de sa carrière. Par ces vues rapprochées de corps nus et sans visages dans des pièces anonymes, l’artiste aspirait à créer une représentation nouvelle et moderne de la nudité féminine. Mis à part son sujet radical, After the Bath est également un brillant exemple de la manière dont Degas a révolutionné l’utilisation du pastel, un medium alors associé à des sujets très conventionnels, comme les portraits aristocratiques, et à des scènes de genre frivoles. Degas l’utilise à la fois pour créer des images de la vie moderne forte et intransigeante et pour brouiller la distinction entre ligne et couleur, mais aussi entre peinture et dessin.
Comme habituellement dans les pastels de Degas, le pigment est appliqué en plusieurs couches, en mélangeant à peine, sur une esquisse au charbon. Degas préférait utiliser du papier-calque, puisque cela lui permettait d’ajouter des études plus anciennes dans ses dessins : il copiait les contours d’un personnage d’une feuille sur une autre feuille de papier-calque, et pouvait alors le renverser ou l’adapter selon ses envies. Il est fort probable que le personnage de After the Bath fut créé de cette manière. Cependant, comme le pastel n’adhère pas facilement sur cette surface lisse, il devait utiliser un fixatif pour maintenir les couches successives. Il en résulte que les diverses couches ne sont pas identiques : elles permettent parfois d’apercevoir le dessin au charbon en-dessous, comme sur le contour de la chaise qu’on peut deviner à travers la robe de la femme, ou le bord de son genou droit, où Degas semble avoir sciemment laissé visible sa correction. Ailleurs, la couleur est si épaisse qu’elle ressemble à la surface d’une peinture à l’huile. Rompant encore plus avec les conventions, Degas choisit de ne pas écraser ni mélanger le pastel. Non seulement les couleurs restaient distinctes, mais les traits l’étaient aussi. Cette méthode, unique à Degas, crée de merveilleux mouvements de couleur et un rythme graphique inhabituel, brouillant les limites entre dessin et peinture.  

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