Chiara Martini

Portrait de « Londonienne »

Quel est mon parcours ?
Je suis Italienne et j’habite en France depuis mai 2007. J’ai fait des études de « Conservation du patrimoine archéologique, architectural et du paysage » à l’Université de Bologne, pour ensuite fréquenter un cours de perfectionnement en « Pédagogie/Médiation culturelle de l’Antiquité » à l’Université de Ferrare. J’ai terminé mes études avec une bonne expérience dans la direction et la conduite d’un chantier de fouille et en médiation culturelle pour tout public. La crise économique, qui frappe l’Italie depuis deux décennies, et le manque de volonté de la part des gouvernements successifs d’investir dans le domaine de la culture et de la recherche ne m’ont pas permis de pouvoir trouver du travail dans mon pays natal. J’ai décidé de quitter mon pays, ma famille, mes repères culturels, toutes mes « certitudes » et de me lancer dans l’expérience : aller vivre dans un autre pays européen. Cela n’a pas été facile : le mode de vie est différent, l’administration est différente, la cuisine est différente, les conversations entre les personnes sont différentes et cela m’a permis de m’ouvrir et d’apprendre à être plus curieuse de l’altérité et à « enfourcher les lunettes des autres » pour les approcher et les comprendre. Les rencontre ont été déterminantes pour décider de rester ! Le hasard des opportunité m’a amené à Limoges, pour un stage de 9 mois auprès du musée de la Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment, et ensuite à Autun, pour prendre un poste de chargée de la médiation culturelle au musée de Bibracte, que j’ai quitté en 2019. Depuis février 2020, je suis médiatrice du patrimoine et chargée d’accueil au château de Sully, demeure de la duchesse de Magenta, Madame de Mac Mahon, et de ses enfants.

Pourquoi suis-je venu visiter Londres ?
Le Morvan, mon lieu de résidence, peut apparaître comme un lieu isolé et loin de tout. Et pourtant, j’y ai rencontré des Néerlandais, des Britanniques, des Allemands, des Tchèques, des Suisses, etc. Au fil de mes rencontres, j’ai fait la connaissance d’une dame anglaise, à qui je donnais des cours d’Italien, lors de ses séjours à Autun, pendant la belle saison. En 2010, elle m’a proposé de m’héberger chez elle, à Londres, pour que je puisse visiter la ville à mon rythme. Cela a été mon premier voyage dans la capitale britannique. En solitaire ! Trois autres voyages ont suivi (2012, 2014 et 2016), en compagnie d’amis, pour continuer l’exploration de Londres.

Pourquoi est-ce que j’aime cette ville ?
Londres m’a toujours attiré par les différents visages qu’elle présentait dans mon imaginaire et qui se sont concrétisés une fois sur place : la ville victorienne et ses codes (vrais ou fantasmés) qu’on découvre dans les grands romans du XIXe siècle ou dans les films. Londres est aussi la ville de la reine et de la famille royale, avec leur protocole strict et leur mode de vie si particulier, qui paraissent tellement bizarres et folkloriques, pour ceux qui sont nés et ont vécu sous un régime républicain. Londres est la ville du « sex, drug and rock’n’roll », des punks et des artistes mythiques (Queen, David Bowie, Boy George, et bien d’autres, qui ont bercé mon enfance et mon adolescence…). Londres, c’est aussi l’architecture moderne, contemporaine, audacieuse des grands gratte-ciels qu’on n’hésite pas à construire à côté des monuments de la Renaissance ou du XVIIIe siècle (pensez aux centres historiques des villes en Italie et à leur préservation très stricte, et vous comprendrez pourquoi cela est absolument fabuleux pour moi). Bref, c’est une ville mythique où tous ces aspects se côtoient parfaitement, sans fausse note. Ce sont ces multiples facettes qui me font aimer cette ville.

Portrait de Londres

Mon quartier préféré
C’est Canary Wharf. Cela peut sembler bizarre pour une archéologue, mais ce quartier d’affaires installé dans les vieux docks du port, et son architecture contemporaine, les passerelles installées le long des bassins, les points de vue magnifique vers la City, me font plonger dans un monde futuriste, à l’allure de science-fiction.

Mon parc préféré
J’aime les parcs à l’anglaise. On a l’impression d’entrer dans un tableau, un peu comme Mary Poppins et les enfants dans le fameux long métrage de Disney. Le parc qui, à mon avis, reflète le mieux cette atmosphère so british est le Royal Botanic Garden de Kew, dans l’Ouest londonien. Flâner dans les serres, découvrir les petits chemins, se laisser conduire d’un point à l’autre à la découverte des plantes provenant de toute la planète, c’est assurément passer un moment de détente, loin des bruits de la métropole.

Mon restaurant préféré
Bien que je n’ai pas fréquenté beaucoup de restaurants lors de mes séjours, j’ai un très bon souvenir de The Dickens Inn à St Katharine’s Dock. C’est un des plus anciens établissements de Londres, à l’atmosphère détendue, et à la cuisine traditionnelle et savoureuse (il faut en finir avec l’idée qu’on mange mal au Royaume-Uni). La bâtisse en bois remonte à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle. Cela donne l’impression de quelque chose qui a toujours été là pour restaurer les marins, les Londoniens et, aujourd’hui… les touristes. J’ai adoré !

Mon musée préféré
Sur ce point, aucun doute, l’âme de l’archéologue refait surface ! Mon musée préféré est le British Museum. Pratiquement 75% des objets et des statues que j’ai étudiés (en cours d’histoire de l’art au lycée et ensuite à l’université) proviennent de ce musée mythique. On peut y passer tranquillement plusieurs jours sans avoir fini de savourer et de découvrir ce qu’il y a de plus intéressant et incroyable dans les collections. Je ne m’en lasse jamais !

Mon magasin préféré
J’adore Fortnum and Mason, sur Piccaddilly. Magasin élégant, fréquenté par les Londoniens, mais aussi par les touristes, tous à la recherche de produits de qualité. Le traditionnel thé, décliné de mille façons différentes, les chocolats à la menthe, les confitures (je confesse mon péché mignon : la marmelade, comme l’ours Paddington !) et le génialissime lemon curd. A chaque voyage, j’en ai profité pour aller acheter un souvenir gourmand à ramener avec moi.

Ma rue/place préférée
Cette question a été difficile : il y a tant d’endroits dans cette ville qui sont spectaculaires, monumentaux, intéressants, historiquement incroyables. J’ai opté pour Parliament Square : le centre du pouvoir politique (Houses of Parliament d’un côté) et du pouvoir religieux (Westminster Abbey de l’autre). Cela me donne l’impression qu’on se trouve au centre névralgique du Royaume-Uni : le lieu des décisions politiques importantes et des célébrations indispensables à la vie du royaume.

Mon église préférée
Westminster Abbey, c’est mon église préférée. Rien à voir avec le mariage de Kate et William ! Une abbaye est implantée sur ce site depuis le Xe siècle. Visiter Westminster, c’est parcourir toute l’histoire du Royaume-Uni. Un lieu incroyablement beau, un lieu de mémoire, de célébrations. Un lieu vivant, pas un musée. Cela fait toute la différence, à mon avis.

Mon souvenir préféré
J’en ai deux.
Lors de mon premier voyage en solitaire, je me suis rendue au British Museum et, arrivée dans la salle qui abrite les marbres du Parthénon, j’ai commencé à pleurer, émue de les voir enfin devant mes yeux. Je ne rentrerai pas dans la polémique politique liée à ses objets archéologiques. C’était le summum de la sculpture du Ve siècle avant notre ère qui se déroulait devant moi. Un moment de pur bonheur et d’émotion.
Lors du second voyage, on était un groupe de sept personnes et, tout naturellement, pendant la visite de l’abbaye de Westminster, on s’est un peu perdus de vue, au fur et à mesure de la découverte du monument. A un certain moment, je me suis rendu compte que, devant moi, se trouvait le cénotaphe de mon compositeur préféré : Georg Friedrich Haendel… Nouvelle vague d’émotion et encore des larmes !
Je ne vous décrirai pas la tête que faisaient les autres touristes autour de moi, lors de ces deux moments si émouvants pour moi. Ils ont dû me prendre pour une folle. Les lieux historiques me font souvent pleurer : c’est émouvant de se trouver dans les lieux ou face à des objets qui ont tant marqué l’Histoire.

Mon Anglais préféré
J’ai une grande passion pour les polars, les intrigues policières, les détectives. Cela est la « faute » de Mme Christie. Adolescente, ma mère m’avait conseillé de lire Le meurtre de Roger Ackroyd, un classique. Je l’ai trouvé immédiatement génial et, comme une novice, je suis tombée dans tous les pièges tendus au lecteur par la grande écrivaine. Depuis, j’ai lu toute l’œuvre d’Agatha Christie et j’ai découvert d’autres écrivains de polars, qui me passionnent et qui lui doivent sûrement beaucoup d’inspiration dans la construction des intrigues, des personnages et du suspense. En plus, elle a participé à de nombreuses campagnes de fouilles au Moyen-Orient, à la suite de son mari, Sir Max Mallowan. C’est sans doute mon anglaise préférée !

Mon monument préféré
C’est Kenwood House, la jolie, discrète, néoclassique maison, nichée dans un splendide parc de Hampstead Heath. Visiter ce lieu, c’est plonger directement dans les romans de Jane Austen ! Plus sérieusement, la demeure a été dessinée par Robert Adam et la collection de peintures est sublime (Rembrandt, Vermeer, Constable…). La demeure est un bijou d’architecture privée anglaise du XVIIIe siècle.

Mon plat anglais préféré
La cuisine anglaise a été longtemps bafouée, critiquée, moquée, par les Italiens et les Français (qui ne manquent pas de se moquer de tout ce qui n’est pas une spécialité culinaire italienne ou française). J’ai toujours bien mangé pendant mes voyages. Il suffit d’être un peu curieux et de se lancer. Mon plat préféré est le Sunday Roast : le plat traditionnel du dimanche. Un vrai régal !

Mon mot anglais préféré
Cela n’a pas été simple, je ne maîtrise pas tous les mots de la langue anglaise, mais je trouve que ROYAL peut être mon mot préféré. On le trouve un peu partout, associé à un jardin, à une construction, à une institution, à une association. C’est un mot tellement british !

Mon endroit préféré
Un endroit que je trouve grandiose est le Royal (tiens, tiens…) Naval College de Greenwich. Provenant d’un pays, l’Italie, qui n’a pas vraiment eu de colonies et dont la puissance navale a été réelle seulement pendant le Moyen Âge, je trouve que ce lieu marque bien la puissance militaire navale et la grandeur politique du Royaume-Uni. Aux pieds de ces bâtiments magnifiques, à l’allure de temple sacré de la marine, on a la sensation que l’empire britannique n’est pas quelque chose qu’on peut seulement voir sur une carte, mais qu’il est bien réel.


%d blogueurs aiment cette page :