Si vous passez par Westminster et que vous avez un moment à perdre, arrêtez-vous sur Old Palace Yard.
C’est l’espace situé entre l’abbaye de Westminster et le siège du Parlement britannique, traversé par St Margaret Street et Abingdon Street, et orné par quelques statues d’illustres dirigeants : Georges V du côté de l’abbaye, Richard Ier Cœur-de-Lion (en Français) et Oliver Cromwell du côté du Parlement.
Sur Old Palace Yard, vous pouvez admirer la chapelle Notre-Dame, située dans le prolongement de l’abbaye. Sa construction a commencé le 24 janvier 1503, sous le règne d’Henri VII (d’où son autre nom de chapelle d’Henri VII) et s’est achevée en 1516, sous le règne de son fils, le fameux Henri VIII, celui aux six épouses (« divorced, beheaded, died, divorced, beheaded, survived »). C’est l’un des meilleurs exemples du style gothique perpendiculaire, qui s’est développé en Angleterre de la fin du Moyen Âge au début de l’époque moderne. Le décor extérieur est centré sur trois motifs : la rose des Tudor, la herse (portcullis en Anglais) et la fleur-de-lys.
La rose est née de la volonté d’Henri VII, fondateur de la dynastie des Tudor, de réconcilier les deux branches de la Maison Plantagenêt à la fin de la Guerre des Deux-Roses. Héritier des Lancastre, il a pris comme épouse Elisabeth, héritière des York. De manière encore plus symbolique, il a mêlé la rose rouge des Lancastre et la rose blanche des York, pour former la rose rouge et blanche des Tudor.
Par sa mère, Lady Margaret Beaufort, Henri était également l’héritier des Beaufort, dont l’emblème héraldique était la herse.
Enfin, la fleur-de-lys rappelle que, depuis la Guerre de Cent-Ans, les rois d’Angleterre prétendaient à la Couronne du Royaume de France.
Si vous traversez la rue et que vous vous approchez du Parlement, vous retrouverez ces trois motifs dans le décor sculpté des façades, ainsi que le style gothique perpendiculaire. On pourrait même parler de néogothique perpendiculaire, puisque le palais de Westminster a été reconstruit au milieu du XIXe siècle, sous le règne de Victoria, le vieux palais des rois ayant été détruit par un énième incendie le 16 octobre 1834. Le nouveau palais est l’œuvre de l’architecte Charles Barry, et de son compère, Augustus Pugin, dont le père était Français. Le projet de Barry et Pugin avait été choisi, dans le cadre d’un concours, parce qu’il reprenait l’architecture et le décor de la chapelle Notre-Dame d’Henri VII et formait donc un ensemble homogène avec l’extrémité de l’abbaye de Westminster.
C’est ainsi que la rose Tudor, la herse et la fleur-de-lys sont venues orner les murs du palais du Parlement. Mais c’est sans doute la herse que l’on connait le mieux aujourd’hui, puisqu’elle est devenu le symbole du Parlement et de ses deux chambres, qu’elle orne bon nombre d’éléments, depuis le papier à lettre des MPs et des Lords, jusqu’aux souvenirs de la boutique. Elle a aussi donné son nom à l’étrange annexe qui fait face à Big Ben, Portcullis House.


